Savoir-vivre dans le métro

Ah, le métro !

Son peuple malicieux, ses effluves délicates, ses sons harmonieux qui résonnent au travers des couloirs alors que quelques retardataires bousculent la foule afin d’atteindre le précieux véhicule ! Pour vous autres, membres de la plèbe, la chose est un élément de votre quotidien ; vos vies misérables ne vous permettent pas de profiter, comme tous les patriciens de bon goût, des services d’un chauffeur capable tant de vous conduire d’un bout à l’autre de Paris sans sourciller que d’aller vider les cadavres du coffre pendant que vous êtes au bureau.

Oui mais voilà : le métro est l’un de ces lieux fantastiques où les règles de vie sont diablement sauvages : monsieur, arriverez-vous à supporter  quelques minutes encore cet horrible accordéoniste qui vous rejoue les plus grands morceaux de Francis Cabrel ? Madame, saurez-vous trouver les mots justes pour refuser de donner quelques piécettes à ce jeune homme aux cheveux gras qui vous explique n’être ni un voleur, ni un assassin ? Mademoiselle, trouverez-vous une manière aisée de vous frayer un chemin au travers de ce groupe visiblement hostile qui vous sépare de la porte de la rame sans risquer quelques commentaires grivois pouvant mener à plus ou moins long terme à des pénétrations multiples ?

Soyons sérieux : la RATP n’a que faire de vos soucis sociologiques, et n’équipe ses rames que d’un seul conseil :

Notez la tenue de racaille du lagomorphe

Autant le dire tout de suite : voilà qui ne vous intéresse guère. D’ailleurs, c’est connu : pour expliquer quelque chose aux enfants, plutôt que de leur montrer un exemple impliquant, justement, un enfant (ex : une image dans laquelle un bambin hurle alors que ses deux bras lui sont arrachés par la porte, ce qui découragerait les marmots de fait, ou quelques photos de jeunes afghans ayant perdus leurs mains lors d’explosions diverses), on leur explique les choses avec un lapin bipède géant rose habillé en jogging de racaille jaune et adepte du tutoiement au vu du texte qui l’accompagne.  Et on s’étonne que la société aille mal, non mais je vous jure.

Heureusement pour vous, nos amis nippons, qui ne sont pas les derniers pour enseigner le savoir-vivre (et le savoir-mourir), ont lancé toute une série de dessins autrement plus compréhensibles, que je vous invite à consulter afin, à votre tour, de savoir bien vivre dans le métro. Cependant, pour les non nipponisants, je me permets de vous donner ici dans ma grande bonté quelques traductions qui vous permettront de mieux vivre le métro, comme on dit dans les boîtes de publicitaires, et de mieux informer autour de vous vos amis de province (s’ils ne sont pas morts lors de la peste noire) afin qu’à leur tour ils sachent comment bien se comporter dans le métropolitain.

Bonne consultation.

Quand je vous dis que nos amis nippons sont bien en avance sur nous dans le domaine. Notre lapin rose fait bien pâle figure.

44 réponses à “Savoir-vivre dans le métro

  1. Merci !
    J’ai bien envie de les imprimer pour les coller à la sauvage dans les wagons… peut-être qu’au moins ça en déridera quelques uns !

  2. Rien à voir, ô dieu connard, mais je me suis récemment imaginé que vous étiez la copie conforme de Chili Palmer, cet usurier, tueur à gage, et accessoirement producteur de cinéma dans l’excellent film « Get Shorty ».

    Un mec classieux, poseur, tout de noir vêtu, qui prend le temps de fumer tranquillement sa clope tout en refroidissant le premier rustre qui lui cherche des noises, c’est tout vous ça !

    (excellent article, au demeurant, comme toujours)

    • Venant de lire votre interview dans Grazia (argh ! ce mot écorche mes si délicates lèvres), je trouve que finalement, je n’étais pas tombé si loin que ça dans mon portrait !

      (oui, j’aime m’auto-commenter…)

    • haaa ce bon vieux Chili Palmer (l’excellent John Travolta) … par contre il n’était pas tueur à gages (usurier oui mais tueur à gages non) et producteur il l’est seulement à la toute fin (et du coup dans la suite Be Cool)
      sinon en plus d’être classieux il a une bonne culture cinématographique (d’où son envie de devenir producteur d’ailleurs)

      par contre ça nous rajeunit pas ça hein

  3. Comme dirait l’autre : « Please do it at home ». Mais il y en avait des plus difficiles (cf le golfeur au parapluie). Trés bien sinon, as usual…

  4. Franchement, bravo. Un magnifique éclat de rire. Je songe moi aussi a en afficher quelques unes dans le metro Lillois : D

      • Est tu déjà allé à Lille Vince ? je ne pense pas, nous avons eu le premier métro entièrement automatisé !

      • Est tu déjà allé à Humourcity Mysterick? je ne pense pas, nous avons eu la première vanne entièrement automatisée !

  5. Excellent !! :D
    Ah ces japonais ! (en passant, ils font pas très japonais les bonhommes, je trouve)

    Ce lapin du métro est très vieux, car je me souviens de l’avoir vu lors de ma première sortie sous-terraine en 19… ?!? Bref, au temps où les sièges de la ligne 13 étaient tout en skaï orange.(d’où le costume du lapinou je pense, raccord avec la mode de l’époque)
    Je me souviens très bien avoir eu les larmes au yeux en pensant qu’il s’était vraiment fait mal. J’avais 5 ou 6 ans à peu près. ceci explique cela. ;)

    • Je sais pas si tu as déjà trouvé que les personnages de manga ressemblaient jamais à des japonais… Tu sais, ceux qui ont de grands yeux, une peau blanche et des cheveux bleus.

      Sinon, le premier lapin que j’ai vu, c’est dans les années 80 (je suis encore jeune), il était mignon, jaune, et le dessin était en 3 couleurs : bleu, orange et jaune.

      Depuis, il a un peu changé.

      • certes, c’est vrai ! les grands yeux, les cheveux bleu… mais je pensais que pour des visuels utilitaires ça serait pas pareil…

        quant au lapin, il me semblait effectivement + mignon que celui qu’on voit depuis quelques années, mais je pensais que c’était mon esprit qui enjolivait le souvenir. (je suis déjà un peu vieille ;) ) En tout cas, tu as une très bonne mémoire visuelle :)

  6. Quelle maîtrise du japonais. Je suis bluffé.

    Faut avouer que la ressemblance avec Kerviel est frappante. Je savais pas qu’il avait eu des répercussions là-bas, et que pour eux aussi, c’était une vedette.

  7. Cher Odieux Connard, merci encore pour cet effroyable cynisme et la franchise qui vous habite. N’hésitez surtout pas à retraiter le sujet du métro, nous sommes un certain nombre, parmi vos lecteurs, à en être victime…
    Je me permets de suggérer, pour une prochaine revue des transports en commun, une sorte de glossaire des différentes façons de traiter un de ces salauds de jeunes de type punk-à-chien-aviné ou autres polytecktoniciens: -prise de la température anale avec un fer à souder, manucure au sécateur, massage au fer à repasser…
    D’autre part, si vous aimez lire l’actu en décalé, je me permets de vous coller un lien vers le blog que nous démarrons avec quelques amis:
    http://encoreunefois.net/2010/10/05/la-rentree-d’un-clochard/
    Merci encore, et longue vie, cher Connard!

    • Et dans le même esprit, auriez vous la gentillesse de nous indiquer quelle attitude adopter face à cette invasion quotidienne de jeunes mères de famille pseudo-épanouies qui emplissent le moindre espace vide avec leurs landaus-caddies-tanks-tout-terrains qu’on se demande bien si leur progéniture n’est pas issue de quelques paillettes congelées généreusement offertes par le géant vert pour avoir besoin d’être aussi volumineuses… bombe incendiaire ? baril de vitriol ? sciage des câbles de frein ? Eclairez nous vite…

  8. Voilà un bien bel article pour finir la soirée et aller se coucher.

    Hélas, étant de la province, et n’allant jamais plus haut que Lyon (après, pour moi, c’est le Pôle Nord, et le froid me rend méchant), je suis au regret de vous dire qu’au niveau pratique votre billet ne m’est d’aucune utilité, d’autant plus que la peste noire frappe à ma porte et qu’elle a pris l’apparence d’un huissier de justice (tout ça pour un léger retard dans le paiement de quelques factures, tss tss, que ces gens sont pressés) limitant ainsi ma capacité à voyager à l’intérieur de notre glorieux et beau pays, enfin débarrassé de la terrible menace qui avait surgi sans crier gare, en plein été. Heureusement notre gouvernement a pris les mesures qui s’imposaient. La preuve: on ne parle plus des Roms, donc tout va mieux. Hé oui, nous sommes sauvés, ma brave dame, et n’oubliez pas de voter pour vos sauveurs lors des prochaines élections.

    Bref, car là je m’égare, merci pour le moment de rigolade. Au plaisir de vous lire à nouveau.

    Salutations distinguées,
    mes amitiés à votre dame.

    R de Rien

  9. Revenant du pays des nippons vous serez ravis d’apprendre que malgré ces admirables conseils leurs conditions de transport en commun ne sont pas meilleures que les notres. Par ailleurs je tiens à préciser qu’usage est fait de force animal kawai (mignon) à l’image de notre lapin rose pour les consignes de sécurité.
    Mais je vous remercie pour la traduction, la plupart étant restées obscures pour moi.

    • et pour y vivre je me demande comment on ose marquer une telle connerie. encore un aigri qui a amener sa connerie au japon avec lui. Faut rester en France ou ouvrir ses yeux.

  10. Merci pour cet article. En fait je suis presque déçu que vous ne vous soyez pas plus attaqué au lapin rose et à toutes les débilités signalétiques visant à éduquer la population trop bête pour lire.

    Mais merci, ça change un peu et j’adore les dessins.
    Quant aux « minicrêtes »…tous au mur…en joue…niark niark niark!

  11. A Toulouse (et oui on a un métro à Toulouse aussi) c’est des petits rugbymans qui sont dessinés sur les affiches « comment bien se comporter dans les transports en commun. »

  12. Odi profanum vulgum et arceo

    Monsieur Connard,

    Vos piteuses tentatives de vous extraire de la plèbe qui, je n’en doute pas, engendra vos ancêtres, ne trompent personne.

    Vous aurez beau rouler carosse, toujours, l’appel du sang vous ramènera vers la tourbe populaire : j’en veux pour preuve votre curiosité malsaine et dégoûtante pour ce cloaque hermétique. Vous laisser employer un chauffeur, c’est offrir des perles aux plus vulgaires pourceau.

    Vous ne connaissez même pas le genre du mot « effluves ». Je pouffe dans mon mouchoir de soie, dès votre première phrase : « ses effluves délicates ». Vit-on jamais tournure plus prolétarienne ?

    Apprenez-donc pour vous confondre, Monsieur le parvenu, que les effluves sont masculins, ce depuis toujours.

    Vous faites rire la bonne société, Monsieur.

    Huon de Carvédac

  13. Sauf que le crack est la ganja, ce n’est pas la même affaire cher connard. Le crac étant un dérivé de la cocaïne.

    Cependant, cette légère faute n’atténue en rien la qualité de votre article, merci beaucoup.

  14. Mince, avec un nom aussi raccoleur, je pensais que le fond serait nettement plus péremptoire et abrupte…

    En fait, c’est très plaisant! (j’ai aimé, je ne suis pas obligée de relire, ha!)

  15. Très drôle :)
    Je regrette que la ratp n’est pas suivi les conseils de cet article pour changer leurs messages ^^ Nous avons toujours un lapin rose et des « poèmes » sur un journal abandonné ou un chewing collé. Du grand art, vraiment.
    A Toulouse au moins, ils ont mis des rugbymen.

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